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Archiprêtré de Phalsbourg  Communauté St Jean Baptiste des Portes d'Alsace

Cas de conscience sur la fin de vie

17 Janvier 2014 , Rédigé par cathophalsbourg.over-blog.com Publié dans #actualités

Cas de conscience sur la fin de vie

Journal La Croix du 16 janvier 2014

La justice a décidé qu’il fallait reprendre l’alimentation et la réhydratation de Vincent Lambert. Un collectif de médecins et une partie de sa famille (dont son épouse) avaient décidé de le « laisser mourir », jugeant que son état de conscience était si dégradé que tout traitement pouvait être assimilé à de l’acharnement thérapeutique. Cette interprétation n’a pas été retenue ; et, selon le désir de ses parents, les soins qui le maintiennent en vie seront continués, jusqu’à une éventuelle étape judiciaire. Il ne s’agit pas de commenter les arguments juridiques, ni surtout de juger les acteurs de ce drame. Tous ont des raisons profondes et respectables. Visiter chaque jour depuis cinq ans un époux dans le coma et accepter de le laisser partir ; refuser la mort de son enfant, dont on pense que, peut-être, malgré les apparences, il est présent au monde qui l’entoure. Douloureux cas de conscience.

Cette terrible affaire ne devrait pas (comme c’est trop souvent le cas dans les débats sur la fin de vie) être utilisée par les partisans ou les adversaires de l’euthanasie. Car s’il est une leçon à en tirer, c’est que la loi ne suffit pas à « régler » le dilemme moral posé par chaque histoire singulière. Laisser mourir, comme le prévoit la loi Leonetti, malgré l’équilibre auquel elle est arrivée, ou faire mourir, comme le demandent certains, ne sont pas des actes banals, qui seraient rendus faciles par un protocole, aussi encadré soit-il. Il ne suffit pas de brandir la liberté individuelle pour échapper à la douleur d’une décision. À plus forte raison, quand les personnes ne sont pas en état de donner leur avis, quand elles n’ont pas laissé de directives claires (et quand bien même d’ailleurs !).

Il est illusoire de laisser croire qu’une loi autorisant le suicide assisté ou l’euthanasie serait « la » réponse aux questions que nous pose la mort. La dignité d’une fin de vie ne dépend pas de son abrégement ni d’ailleurs d’un acharnement à la prolonger, mais – et les évêques de France le rappellent dans le texte clair et ferme qu’ils viennent de publier – dans « l’accompagnement, la solidarité et le soutien dans l’épreuve ». Cette bataille-là n’est pas gagnée. Ce serait l’honneur de notre pays de la mener à bien.

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