Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Archiprêtré de Phalsbourg  Communauté St Jean Baptiste des Portes d'Alsace

La patience au quotidien

25 Avril 2011 , Rédigé par cathophalsbourg.over-blog.com Publié dans #Paroles de vie

«Parler de la patience comme fruit de l'Esprit Saint, c'est très beau ! Mais ce genre de propos nous semble planer dans des hauteurs fort éloignées de notre quotidien. Comment vivre la patience au jour le jour ? Comment rester patient quand on est fatigué après une journée de travail ou lorsqu'un enfant commet vingt fois de suite la même désobéissance ?»


• Soyons d'abord patients envers nous-mêmes. La première personne envers qui je dois faire preuve de longanimité, c'est moi. Si je ne m'accepte pas tel que je suis, avec mes lenteurs à progresser, mes chutes répétées, mes manques et mes limites, je ne pourrai pas accepter les autres. «Combien d'agressivités adressées à l'égard d'autrui ne sont que des règlements de compte avec soi-même (…). Les parents en font la cruelle expérience quand leurs enfants leur renvoient leurs propres défauts : attention alors que la prochaine correction ne soit une autopunition déguisée !»


• Etre patient envers soi-même, ce n'est pas tomber dans l'orgueil : «Je suis très bien comme je suis». Non : je suis pécheur et pas du tout heureux de l'être. Mais c'est faire la volonté de Dieu que d'être patient avec soi, puisque Dieu lui-même est patient. Pour acquérir cette patience, il essentiel de prendre le temps de s'exposer à la lumière de l'Esprit Saint : prier, même et surtout lorsqu'on est tendu, énervé, avec des journées pleines à craquer. C'est dans la prière que je puis être pleinement moi-même, dans la paix. C'est le regard d'amour que Dieu pose sur moi qui me permet de m'accepter tel que je suis, avec douceur et patience.


• La fatigue est le premier ennemi de la patience. Chacun sait que tout ce qui agresse et perturbe notre organisme met à mal nos capacités de patience. Sachons-le pour en tenir compte. Certes, il n'est pas toujours possible de dormir suffisamment, ni d'éviter le bruit, l'accumulation de fatigue, les soucis : mais il faut savoir que nos états d'âmes sont profondément liés à notre état physique. Et plus on est tendu et fatigué, plus on a tendance à accumuler artificiellement les motifs de tension et de fatigue. Il faut savoir dire : «Stop ! Je n'en peux plus !» Demander pardon au Seigneur et à notre famille de nos manques de patience, prendre de grandes résolutions, c'est très bien. Mais il faut peut-être commencer par dormir davantage - et tant pis si le ménage ou le bricolage en souffre - et décider de s'organiser de manière à garder chaque jour, chaque semaine un peu de temps «pour soi» : pour souffler, se détendre, se reposer et… prier.


• La patience est exigeante, mais elle exige une chose à la fois. Quand un enfant apprend à marcher, on l'encourage à faire un pas, puis un autre… et c'est ainsi que, pas à pas, il devient capable de franchir de longues distances. C'est comme cela que l'on grandit : rien ne s'accomplit d'un seul coup, on n'a jamais «tout, tout de suite». Et si certains progrès paraissent fulgurants, c'est le plus souvent parce qu'ils ont été préparés de manière invisible, comme le grain tombé en terre germe discrètement, avant de donner naissance à une plante magnifique. Nous sommes trop souvent tentés de forcer la croissance de la graine, au risque de l'épuiser : d'exiger trop, trop tôt, de nos enfants.


• Etre patient, c'est manifester sa confiance : «Je sais que tu y arriveras, prends ton temps.» C'est, parfois, espérer contre toute espérance : bien des parents d'enfants handicapés nous donnent, en ce sens, de lumineux témoignages. En acceptant de cheminer pas à pas avec leur enfant, en refusant avec la même énergie le défaitisme et les faux espoirs, ils accomplissent des merveilles, là où les plus éminents spécialistes baissent les bras.


• Etre patient, c'est pardonner «soixante-dix fois sept fois», comme Dieu lui-même nous pardonne. C'est repartir après chaque échec, se relever après chaque chute, refuser de se laisser aller au découragement. Nos enfants, surtout pendant la période si fragile de l'adolescence, ont un besoin infini de notre pardon et de nos encouragements : «Je sais que tu vaux mieux que ça. Je compte sur toi. Je te redonne ma confiance». Chaque jour, il est vrai, notre patience est mise à rude épreuve. Tournons-nous sans cesse vers Celui qui est la source de tout amour, afin qu'Il nous donne des trésors de patience : nos enfants en ont besoin pour grandir dans la joie.

 

UN  OCEAN  DE  PATIENCE

("La Foi en famille", par Christine PONSARD)

 

"Avec les enfants, remarquait saint François de Sales, on a besoin d'un petit verre de sagesse, d'un tonneau d'intelligence et d'un océan de patience". Faut-il  davantage d'intelligence que de sagesse pour éduquer les enfants ? Cela peut se discuter ! Mais il faut certainement de la patience à l'infini : patience envers les enfants, mais aussi envers nous-mêmes, envers les autres, et d'une certaine manière, envers Dieu.

 

"Mieux vaut un homme patient qu'un héros" nous dit le livre des Proverbes. La patience est donc plus importante que les actions d'éclat. Et pourtant, le plus souvent, elle passe inaperçue : on peut même dire que c'est le propre de la patience que de ne pas se faire remarquer. Regardez un père qui apprend à son petit garçon comment lacer ses souliers : s'il est patient, il prend tout son temps pour montrer à l'enfant les gestes à accomplir, il lui laisse la possibilité d'essayer plusieurs fois, il lui réexplique et l'encourage. En somme, il semble n'avoir que cela à faire et l'enfant ne remarque pas que son père accomplit un grand effort de patience. Si ce même père montrait que cet effort lui coûte, en harcelant l'enfant de "Dépêche-toi !" ou en manifestant quelque agacement, ce ne serait plus de la patience, mais de l'impatience, plus ou moins bien maîtrisée.

 

Or la patience n'est pas de l'impatience maîtrisée. L'impatience nous fait bouillir : à force de volonté, on peut étouffer cette ébullition, comme on met un couvercle sur une cocotte-minute. Apparemment, tout va bien, mais l'ébullition intérieure demeure : gare à l'explosion ! Et si on s'interdit l'explosion, elle se transforme en implosion : autrement dit,  on retourne contre soi sa colère et son impatience. Cela peut ressembler à de la patience, mais ce n'en est pas, car un jour ou l'autre, extérieurement ou intérieurement, l'impatience va éclater et provoquer des dégâts.

 

La patience est un fruit de l'Esprit Saint.  "Laissez-vous mener par l'Esprit (…) Voici le fruit de l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi". La patience va de pair avec la maîtrise de soi, mais toutes deux découlent de la soumission à l'Esprit Saint. Si nous voulons être patients à l'égard de nos enfants, commençons par tout remettre entre les mains de Dieu : leur éducation, leur avenir, ce que nous désirons pour eux, nos espoirs et nos difficultés, tout ce qui constitue notre mission de parents.

 

La patience se conjugue au présent, comme l'amour. La patience nous rend pleinement "présents au présent", alors que l'impatience nous empêche de goûter l'instant d'aujourd'hui en nous faisant regretter que l'avenir ne soit pas là. La patience, c'est Geoffroy et Nicole qui se réjouissent de la moindre victoire de leur fille Bénédicte, qui est handicapée, sans s'agacer de ce que les progrès ne soient pas plus rapides ou plus spectaculaires. La patience, c'est Sylvie qui écoute de tout son cœur les confidences de sa fille de 15 ans, alors qu'il est 18h et que la table familiale comptera une bonne douzaine de convives ce soir.

 

La patience est inséparable de l'abandon à la Providence. Pourquoi sommes-nous impatients ? Bien souvent, c'est parce que nous avons peur : peur que nos enfants ne soient pas heureux, peur qu'ils grandissent mal, peur de pas mener à bien notre mission de parents, peur de ne pas tenir le coup dans l'épreuve, etc. Si nous réfléchissons bien, nous voyons que, le plus souvent, nos impatiences sont liées à des manques de confiance. Nous voudrions déjà tenir la victoire parce que, dans le fond, nous ne sommes pas sûrs qu'elle nous soit acquise. Notre impatience peut aussi venir de ce que nous voulons gagner sur tous les plans : nous voudrions Dieu et l'argent, la réussite de nos projets et la venue du Royaume. Notre cœur est tourmenté parce que divisé.

 

La patience n'est pas une attitude passive : elle ne se contente pas de "tuer le temps" en attendant la conversion ou les progrès. Elle encourage, pardonne, accompagne avec tendresse et compassion. Elle est le contraire de la résignation.

Patienter, c'est espérer : c'est vivre pleinement l'aujourd'hui de Dieu parce que nous savons que, ressuscités avec le Christ, nous possédons déjà  la victoire. Patienter, c'est prendre le temps de vivre cet aujourd'hui qui nous comble parce que, déjà, Dieu s'y donne en plénitude. Patienter, c'est voir à travers les erreurs, les chutes et le péché lui-même, les signes de la miséricorde de Dieu, à jamais victorieux du mal et de la mort.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :