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Archiprêtré de Phalsbourg  Communauté St Jean Baptiste des Portes d'Alsace

Pourquoi les symboles liés à Noël résistent-ils dans notre société sécularisée

24 Décembre 2013 , Rédigé par cathophalsbourg.over-blog.com Publié dans #Réflexions

Pourquoi les symboles liés à Noël résistent-ils dans notre société sécularisée

LA Croix du 20 décembre 2013

Des municipalités ou des écoles renoncent, au nom de la laïcité, à installer des crèches ou des sapins de Noël. Mais chrétiens et non chrétiens restent attachés aux symboles liés à Noël. Analyse de Martyne Perrot, sociologue au CNRS (1).

« Depuis le XIXe siècle, Noël est devenu une fête de la famille réunie autour de l’enfant. Jusque-là, Noël était une fête domestique, avec une veillée et un repas après la messe de minuit. Mais, au milieu du XIXe siècle, l’enfant va prendre une importance nouvelle. Les bourgeoisies victoriennes française et allemande vont alors s’emparer de cette fête, la ritualiser pour en faire l’occasion du grand rassemblement annuel familial. Les générations se rassemblent, un jouet est offert comme cadeau, le sapin – qui symbolise l’arbre de la vie de la Genèse mais bien avant, le retour de la lumière en cette période de transition solsticiale – devient obligatoire.

Cette forme familiale de Noël est revendiquée par une majorité de Français qui, depuis que les sondages existent, disent que Noël est leur fête préférée parce que c’est une fête de famille. Cette dimension vaut autant pour les personnes qui ont une pratique religieuse que pour les autres. Ce jour-là, chacun essaie de reproduire une version idéalisée de la famille, où tout serait doux, apaisé, serein, harmonieux. Mais la réalité est souvent bien différente, d’où des angoisses, des tensions, car Noël remet chacun à sa place, dans sa génération, dans la fratrie, dans les alliances, et le renvoie aussi parfois à sa solitude.

« Beaucoup de familles de non-pratiquants et même de non-croyants continuent d’installer une crèche à la maison »

Noël fête de l’enfant et fête de la famille. C’est la première raison de sa résistance. Le commerce a vu dans cette évolution une aubaine. Les familles échappent rarement à la pression commerciale. Mais toutes les enquêtes montrent aussi qu’une majorité d’entre elles regrettent qu’une fête de Noël qui se limite à offrir le cadeau dont on espère qu’il fera plaisir, et le repas, qu’on souhaite parfait, manque de sens, de dimension spirituelle. Cela explique pourquoi beaucoup de familles de non-pratiquants et même de non-croyants continuent d’installer une crèche à la maison ou d’emmener leurs enfants voir celles installées dans les églises ou sur les places pour qu’ils ne soient pas dans l’ignorance totale de l’origine de la fête.

De la même manière, certaines familles vont à la messe de minuit pour recevoir autre chose, de l’ordre de la culture sinon de la spiritualité, tandis que d’autres iront simplement pour ne pas se sentir trop seuls et se laisser porter par les chants de Noël qui leur rappellent parfois leur enfance, mais qui leur parlent aussi de joie, de douceur, de paix. À Noël, nombreux sont aussi ceux qui, pour redonner du sens à la fête, donnent bénévolement de leur temps pour des actions de solidarité qui renvoient aux valeurs chrétiennes de compassion, de charité, de générosité. D’un point de vue sociologique et anthropologique, on constate ainsi qu’à Noël, tout désormais se mêle et chacun y puise ce qu’il souhaite. »

RECUEILLI PAR MARTINE DE SAUTO

(1) Dernier ouvrage paru : Le Cadeau de Noël. Histoire d’une invention, Éd. Autrement, 2013, 15 €.

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