homélie du 5ème dimanche de Pâques 2012

Jésus se présentait, dimanche dernier, comme le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Aujourd’hui Jésus emploie une nouvelle image, pour expliquer cette relation mystérieuse qui le lie à nous, ses disciples. Il est la vigne, et nous en sommes les sarments.

Le sarment, pour qu'il demeure vivant, pour qu'il produise du fruit, doit demeurer sur la vigne. Sinon il dessèche. Il doit puiser sa sève dans le cep de la vigne. Ainsi en est-il de notre vie chrétienne, de notre vie en relation avec le Christ.

Nous savons que cette relation avec Jésus est déjà une relation d’amitié. Elle suppose un échange, un dialogue, un cœur à cœur, un contact. Je ne peux pas prétendre être l'ami de quelqu'un si je ne le rencontre jamais. Je ne peux pas être l’ami de Dieu si je ne prends pas le temps de la prière, du partage autour du repas eucharistique. C'est évident. Mais c’est infiniment plus que cela.

            Jésus n’est pas seulement notre ami, ou notre « copain ». Il est celui sans qui nous ne pouvons recevoir la vie de Dieu. Il est le médiateur universel entre Dieu et les hommes, qui nous procurent la sève de la vie éternelle. Pour prendre une autre image, il irrigue nos veines d'un sang d'éternité. Et si nous ne sommes pas sous perfusion ou en transfusion avec Jésus, nous sommes condamnés à mourir spirituellement.

             Celui qui fait l’expérience du Christ se rend compte qu’il y a dans cette relation avec Jésus quelque chose de complètement nouveau, de totalement différent, de radicalement original. C’est une relation décisive par rapport à toutes les autres relations que nous pouvons tisser, que ce soient avec nos parents, nos amis, nos collègues de travail … Au centre de cette relation, il y a l’Alliance avec l’Eternel.

           Or nous constatons que très peu, dans la société actuelle, ont fait cette expérience, ou ont conscience de ce lien nécessaire avec Jésus. A tel point que certains pensent que l’épanouissement de la vie doit se faire nécessairement loin de tout contact religieux. En quelque sorte, pour réussir sa vie, évitons Dieu !

         Or, comme le dit magnifiquement St Augustin : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose en toi ».

         Le cœur de l’homme, son intériorité ne peut être comblée que par Dieu. Aucune relation, aucun paradis artificiel, aucune activité ne peut combler ce cœur humain fait à l’image de Dieu et structuré pour dialoguer avec son Créateur.

         Consommation, travail, famille, loisir, drogue, alcool, sexe, argent, sport, shopping, média, militantisme politique de tout bord, technique de relaxation, ne pourront jamais compenser ou remplacer la relation avec Dieu.

         Le cœur humain ne peut vraiment être en paix que s’il met Dieu au centre.

         Et s’il y a tant d’insatisfaits dans notre société – et il suffit simplement d’écouter son poste radio pour s’en convaincre-, s’il y a tant de mécontentements et de recherche de compensation ou d’échappatoire en tout genre, c’est peut-être parce que le visage de Dieu n’a pas été découvert, ce visage qui resplendit magnifiquement dans le Christ Lui-même.

          Et la crise économique et politique n’est que le révélateur de cette absence de vie intérieure, de ce manque qui fragilise les personnes et leur espérance. Ainsi elles n’ont plus les moyens de faire face au danger, d’agir et de réagir.

    « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose en toi ».

Nous-mêmes ne fuyons pas devant Dieu, ne délaissons pas le Seigneur, mais implantons le concrètement dans nos vies, pour produire un fruit de vie.

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit.»