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Archiprêtré de Phalsbourg  Communauté St Jean Baptiste des Portes d'Alsace

Polémique sur le logement d'urgence: l'Eglise se mobilise depuis longtemps pour les sans-logis

4 Décembre 2012 , Rédigé par cathophalsbourg.over-blog.com Publié dans #actualités

Journal La Croix du 4 décembre 2012
A Paris, l’Eglise se mobilise déjà pour les sans-logis

 

La ministre du logement a adressé hier une lettre au diocèse de Paris pour lui demander de « mettre à disposition des locaux » pour les sans-domicile-fixe.L’archevêché de Paris répond qu’il ne dispose pas de « bâtiments vides » dans la capitale.Il fait valoir qu’il mène depuis longtemps de nombreuses actions envers les personnes de la rue, notamment « Hiver solidaire » depuis 2008.


« Il semble que l’archevêché possède des bâtiments quasi vides. Je viens donc de leur écrire pour voir avec eux comment utiliser ces locaux », annonçait Cécile Duflot, hier, dans les colonnes du Parisien. Dans le cadre du « choc de solidarité » que la ministre du logement entend susciter, le ministère envisage de pouvoir recourir à des réquisitions de biens d’Église, parmi une liste de plusieurs dizaines de biens immobiliers, en raison de la situation d’urgence du logement, alors qu’est lancé le plan grand froid.


Au diocèse de Paris, c’est d’abord cet effet d’annonce qui a « étonné ». « Hier matin, tout le monde réagissait à l’article… mais nous n’avions même pas encore reçu la lettre de Mme Duflot ! » s’exclame Charles Gazeau, diacre et délégué épiscopal à la solidarité pour le diocèse. Passé l’effet de surprise, et en attendant une réponse du cardinal André Vingt-Trois, qui pourrait intervenir dans les jours prochains, le responsable de la solidarité veut simplement répondre à la question posée par l’initiative de la ministre.


« Existe-t-il des “bâtiments quasi vides” ? À ma connaissance, non », répond Charles Gazeau.


Tout aussi agacés, le diocèse de Paris et la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref ) assurent dans un communiqué commun être « mobilisés pour venir en aide aux sans-abri », assurant que « l’Église n’a pas attendu la menace de réquisition brandie par la ministre Mme Duflot pour prendre des initiatives. Avant d’en appeler à l’Église, Mme Duflot s’est-elle penchée sur les surfaces disponibles dans les administrations, les banques, les compagnies d’assurance, l’État ? » demandent-ils. La Corref avait déjà réagi le 17 novembre à la mise en cause de plusieurs congrégations religieuses, suspectées par le Canard enchaîné de laisser à l’abandon des lieux vides ( La Croix du 30 novembre) . « Enfin, pourquoi ne pas avoir mis en place le moratoire sur les expulsions dès le mois de mai ? Nous aurions évité des centaines de situations qui sont aujourd’hui des urgences », s’interrogent le diocèse et la Corref.


L’interpellation de la ministre du logement irrite d’autant plus le diocèse de Paris qu’il a mis en place depuis 2008 l’initiative « Hiver solidaire ». Cette année, 25 paroisses sur les 106 que compte la capitale – soit quarante bénévoles dans chaque lieu, dûment formés – accueilleront ainsi une centaine de personnes sans-abri pendant les mois de l’hiver – la plupart à partir de la fin du mois de décembre.


« Nous partageons un dîner avec les sans-abri, qui ont la possibilité de se laver et dorment sur place, raconte Bertrand Cavalier, diacre à l’église Saint-Séverin, dans le 5e arrondissement, qui coordonne Hiver solidaire. Le lendemain, après le petit déjeuner, nous devons libérer les salles pour le catéchisme et les activités courantes de la paroisse. Les personnes rangent leurs affaires dans des casiers, qu’ils retrouvent le soir. » Là, les sans-abri peuvent bénéficier d’une domiciliation et commencer les premières démarches vers les services sociaux.

 


À Saint-Séverin, les paroissiens vont participer à leur deuxième Hiver solidaire. L’an dernier, quarante bénévoles ont travaillé pour accueillir sept personnes en difficulté. « L’objectif n’est pas de faire du chiffre, indique Bertrand Cavalier. D’abord nous n’en aurions pas les moyens. Et notre optique est de pouvoir accorder du temps aux personnes. » C’est précisément là que Charles Gazeau, en charge de la solidarité pour le diocèse, perçoit la différence de démarche entre ce que met en place l’Église à Paris et ce que semble demander le gouvernement. « L’urgence n’est pas une solution à la grande pauvreté. En agissant ainsi, on risque de retrouver les mêmes personnes d’année en année. » Hiver solidaire met ainsi en avant le chiffre de 10 %, qui est le nombre de personnes accueillies accédant à une véritable prise en main et un accompagnement efficace vers le logement et un emploi. « C’est là que nous devons concentrer les efforts, insiste Charles Gazeau. Or, la plus grande difficulté que nous rencontrons survient à la fin de l’hiver. Lorsque nous laissons les personnes accueillies retourner à la rue, nous aimerions rencontrer plus de soutien de la part de l’État pour stabiliser les situations. »

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