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Archiprêtré de Phalsbourg  Communauté St Jean Baptiste des Portes d'Alsace

Aux Semaines Sociales, la philosophe Sylviane Agacinski fait un tabac

26 Novembre 2012 , Rédigé par cathophalsbourg.over-blog.com Publié dans #actualités

 Journal La Croix du 26 11 2012


Au cours de la deuxième journée de la 87e Semaines sociale consacré au thème « Hommes et femmes, la nouvelle donne », les prises de position de la philosophe Sylviane Agacinski, s’opposant à la possibilité de procréation médicalement assistée pour les couples de même sexe, ont été très vivement applaudies samedi 24 novembre.

Après avoir dressé l’état des lieux de l’égalité entre hommes et femmes vendredi 23 novembre, il s’agissait, samedi, de mesurer l’évolution non pas tant de l’égalité mais surtout de la qualité de la relation entre hommes et femmes.

 De fait, cette 87e Semaine sociale de France, consacrée au thème « Hommes et femmes, la nouvelle donne », permet d’entendre des propos d’une grande qualité et profondeur. Ce fut le cas vendredi 23 novembre, avec Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales qui a souligné les avancées spectaculaires mais aussi les résistances dans la mise en œuvre de l’égalité hommes/femmes, et avec le psychanalyste Jacques Arènes, qui à partir de son expérience, a montré les évolutions du « couple qui n’a plus rien d’évident » avec des hommes, assez nombreux semble-t-il, « qui ont peur et qui désertent leur compagne ou leur foyer ».


 Les métamorphoses de la différence


Ce fut le cas encore samedi matin 24 novembre avec la philosophe Sylviane Agacinski, particulièrement applaudie après sa brillante conférence sur « les métamorphoses de la différence ».

Après voir rappelé, en citant notamment saint Paul et saint Augustin, que la différence entre les sexes avait été immédiatement transformée en hiérarchie, la philosophe a montré combien la théorie du genre, qui fait de la différence sexuelle une construction culturelle -et en particulier la théorie « queer » (étrange en anglais, en opposition à « straight » signifiant normal), plus radicale encore-, ne se fonde plus sur la différence des sexes mais sur celle des sexualités. 

« Il s’agit de promouvoir la différence entre hétérosexualité et homosexualité, comme si cette différence était pertinente et comme si la norme hétérosexuelle devait s’effacer », a-t-elle déclaré. 

Tout en reconnaissant que cette norme hétérosexuelle « pèse souvent sur ceux qui ne peuvent la vivre », Sylviane Agacinski a rappelé que le fait que certains ne puissent pas désirer l’autre sexe prouve bien que les sexes ne sont pas « interchangeables ».


La fiction de la conception désexualisée


Mais c’est surtout lorsqu’elle a clairement mis en garde contre les conséquences des procréations par insémination au sein des couples de femmes que Sylviane Agacinski a été le plus vigoureusement plesbiscitée. 

Selon elle, de telles inséminations non seulement imposent « une fiction de conception désexualisée qui n’est pas vraisemblable », mais, de plus, «risque d’imposer le droit d’occulter l’autre sexe dans la conception de ces enfants et de les empêcher d’avoir accès à leur origine réelle ». Ce qui l’a amené à prendre la défense des enfants à naître qui « ne sont pas représentés politiquement mais dont nous devons défendre les droits en commençant par ne pas les mettre intentionnellement dans des situations particulièrement complexes ». 

Quant à la gestation pour autrui -qui pourrait être revendiquée par des couples d’hommes-, la philosophe a souligné qu’être enceinte n’est pas une fonction mais un état :  « transformer la gestation en travail rémunéré ou indemnisé, c’est déshumaniser la maternité et faire de l’enfant une marchandise qui devient un produit fini, livré à sa sortie de fabrication ». 

Une manière aussi d’interroger cette recherche technico-scientifique effrénée, en vue d’une puissance et d’une domination sur la nature toujours plus grande.


Lectures de la Genèse


Sur un tout autre registre, Jean-Pierre Rosa, délégué général des Semaines sociales, partant des deux récits de la création de l’homme et de la femme dans la Genèse et rappelant que saint Jérome avait dû inventer un mot pour traduire cette idée de l’être féminin (virago) placée face à l’être masculin (vir), a considéré que « la différence sexuelle est la matrice de toutes les autres altérités ». 

De même, rappelant que, dans la Genèse, c’est à partir du moment où la femme a été créée que l’adam peut dire une parole qui est entendue, Jean-Pierre Rosa a souligné que c’est « lorsque que la parole est fondée sur la différence sexuée qu’elle devient audible ».

Des propos qui ont été prolongés par le questionnement, toujours exigeant, de la théologienne Véronique Margron à propos de la manière de chacun de donner prises aux fausses images de Dieu. 

« Le Dieu proposé par le serpent de la Genèse, qui est un Dieu jaloux cherchant à limiter la liberté de l’homme et de la femme, revient tout au long de la Bible et en nous », a-t-elle lancé d’emblée. Et d’inviter à se demander si, dans la manière de vivre les relations entre hommes et femmes, nous favorisons la confusion -« tel le serpent qui dit le faux en prétendant dire le vrai » -, ou au contraire nous veillons à toujours tirer ces relations du côté de la vie ».


CLAIRE LESEGRETAIN

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